Livre d'or
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Abeille Abeille Abeille

AVRIL 2003: Semaine 16 (du 14 avril) - Semaine 18
MAI 2003: Semaine 19 (du 05 mai DEJÀ MAI !) - Semaine 21 - Semaine 22
JUIN 2003: Semaine 23 (du 02 juin) - Semaine 24

 

17 Avril 2003

17h24 --

Mmh... Pourquoi donc faut-il toujours que j'attende d'être à la bourre pour laisser quelques mots sur ce journal-pas-si-intime ? A la veille de vadrouilles... Le vendredi Saint est férié, en Allemagne, alors zou! Je pars au ski. Et puis pour la semaine de Pâques aussi, tant que j'y suis.
Pourtant, je ne fais que rentrer : ce dernier mois aura été "francais" entre Bordeaux et Nice.

Oui, c'est loin. Bordeaux, le gala , ah enfin! Depuis le temps qu'on l'attendait ! Mille visages revus, 2-3 phrases échangées, mais le temps est si court ! Le temps a passé si vite, qu'en clin d'oeil il était 5h du mat' (non je ne vole pas les citations ), et avec le changement d'heure en plus, quelle arnaque. Irréel. Du bonheur sur le moment, revenir un peu en arrière au temps de l'insousciance (puisque maintenant je suis mûre et responsable), et, 2200 km après et de retour dans ma routine teutonne, un sentiment d'amertume et d'impuissance.
Mais pas grave. On recommencera. On se fera notre gala à nous.
Bien sûr, délectable aussi, l'après-soirée d'antan : Saint Mich', Le Grand Crohot... Non, elle ne s'enferre pas du tout dans le passé !

Et retour dans mon charmant pays d'exil... La routine revient si vite ! La semaine dernière, cependant, si j'étais à Nice, tous frais payés, c'était pour le boulot.

...De retour (encore une fois) sur Tübingen, bien de retour... C'est la crêve. Forcément, c'est comme les retours de Russie ou les rencontres improbables de l'âme soeur : c'est psychologique. Et que je dorme. Et que je tousse à m'en arracher les bronches. Et pourtant à cause du ski, il a fallu me soigner...

 

18h05 --

gym

Ai-je dit que je pratiquais la Superfitness à outrance ? Dans la série "je suis grosse - je fais un régime (cf. les légumes cuits à l'eau de l'autre jour)", hop! Uni-Sport tous les jours. Courir comme des débiles dans un gymnase avec plein plein d'autres personnes, sautiller sur place, et surtout, souffrir, des bras, des jambes (et pourtant, depuis qu'Il a son permis, il me vole la voiture tous les jours) (ah sauf cette semaine puisque j'étais malade *hihi*), mais hélas pas des abdos.

J'ai pourtant essayé de motiver des gens... Elles me disent : "La prochaine fois que tu y vas, tu me fais signe !", les petites demoiselles de l'est... Et pourtant, elles trouvent toujours une raison pour se défiler. Bon certes ca ne fait pas maigrir ; je ne sais même pas si ca maintient en forme (enfin pour quelqu'un qui fait, par exemple, disons du vélo en montée régulièrement), mais ca donne bonne conscience. J'en ai quand même fait tous les jours pendant 2 semaines, hein !
Mais c'est chiant.

Dans la série sport, en me défilant éhontemment d'une de ces séances (oui mais après 1h30 de volley, on n'a pas envie de faire le guignol), je suis tombée sur de la gym. Aïeuh ! Là, c'est autre chose. Mgrmbl je les connais les actions ! Pourquoi j'ai peur d'une bête lune ?
Et la gym, ouh là, courbatures courbatures. Par-tout.

kamasutra

Tiens, j'y pense les amis, j'ai encore appris quelque chose de choquant. Vous connaissiez le french kiss, n'est-ce pas ? Tout le monde connaît le french kiss. On m'a expliqué que c'était un bisou avec la langue. Ah bon, si ils veulent.

Je reçois gratuitement un magazine féminin allemand. C'est nuuuuul ! Ce que ça peut être gnangnan, entre les régimes, la mode (ce qu'elle est moche la mode ici ; rien à voir avec les midinettes Niçoises), le "1er été toute seule", la parfaite journée shopping à Milan...
Ce mois-ci, le dossier accrocheur, c'est "quelle est la meilleure position pour faire l'amour ?". Lisant en diagonale (oui parce que bon, comme c'est en allemand je ne peux quand même pas en apprécier toutes les subtilités linguistiques), je vois les commentaires des interviewé(e)s, "euh oui moi j'en connais plein : le missionnaire, le cavalier, le 69, la française..." HEIN ??? Diiiiis, c'est quooooooi, "la française" ? "Ben, c'est une pipe", me répond-Il, genre je pose des questions trop cons.
Ah bon. Sacré réputation, hein, mes cher(e)s compatriotes ...

Mais...... C'est le PRINTEMPS !!!!!!!

cerisier

On assiste tout autour à une explosion de couleurs ; le rouge brillant des tulipes, le jaune tendre au suave parfum de vanille des jonquilles, les muscaris violet, les petites pousses tendres de mes rosiers et de mes framboisiers...
Soleil, sourire.
Et pourtant, malgré toutes mes vadrouilles, quand je ferme les yeux... Je me retrouve dans une petite maison, au bord de la mer. Un vent tiède et salé chante dans les pins tordus, le ciel est bleu, tout bleu comme ici, avec de petits cumulus joufflus d'un blanc immaculé s'attardant sur la rivière. Le temps s'écoule pasiblement. On lit dans le jardin, les lèvres encore couvertes de sel marin, glané lors du bain si vivifiant dans l'océan gris-bleuté. Ferme les yeux, toi aussi, et imagine... Le carrelage blanc, les bancs en pin, Radio-France Bretagne-Ouest en doux fond sonore... Tout à l'heure, je descendrai sur le port, en vélo, pour acheter des timbres. Je ferai encore de ces lettres magiques, remplies de tout et de rien, de mots vains, de coquillages, de sable, de genêt séché...
...Et si nous y étions... On pourrait prendre un apéro, après. Un Ti-punch, un Ricard. On pourrait jouer à la belote, au Monopoly, au Taboo, au Pictionnary (dessine-moi un LOUP !)... On pourrait manger des huîtres, et du lard fumé..........

 

28 Avril 2003

17h34 --

Montag,
05.05.2003
Vor-
mittag
Nach-
mittag
Wetter: pluie pluie
max. Temp.: 31 °C
min. Temp: 13 °C
Niederschlag? 70 %

   !!! 31°C !!!
   www.wetter.com

 

29 Avril 2003

Attention... Le texte du jour est long, très long, sans jolies petites images. Alors si vous voulez, vous pouvez le télécharger/ouvrir en format PDF (27 KB) pour l'imprimer et le lire à tête reposée (si vous avez Acrobat Reader bien sûr). C'est l'offre de printemps.

23h29 --

De retour, je souffle. D'abord ce congres a Nice, l'EGS, plus de 13.000 participants, p'tite Sylh qui fait sa presentation sur ses sols polonais, il manque un bout d'ecran, bon, tant pis. Le gout des allemands pour les pires restos pour touristes, pseudo-pizzerias offrant un choix deplorable. Heureusement qu'il y a l'Hippopotamus et sa bavette (avec une sauce a l'echalotte, certes moins bonne que celle de Maman, neanmoins sauce a l'echalotte), ou de charmants jeunes hommes prenant en pitie m'a solitude m'offrirent aimablement un verre de vin ; et puis ce bar de la vieille ville au look zebre, dans lequel les toilettes sont si confortables qu'on y resterait bien pour lire les revues qui y sont empilees ; et le 22 Septembre -deja le nom me plait-, resto simple, copieux et bon enfant, sans prise de tete pour touristes, encombre d'une faune locale, et tout pres de l'happy hour biere jusqu'a 19h (pour attendre qu'une table se libere)...
Quelques contacts interessants, un peu de genre-je-suis-une-thesarde-modele, de beaux posters montrant enfin ce qu'est vraiment la science, et puis un papier en perspective (deadline de manifestation pour faire partie de l'issue speciale : le 2 mai, glups, c'est dans 3 jours, damned il faut que je trouve un titre).
Ah, et le mieux, la pluie ayant suspendu ses pleurs obstines durant un apres-midi : faire du roller sur la Prom' avec le Directeur Technique du Departement d'Etudes Spatiales de l'Institut de Physique du Globe de
Paris ! La classe. Meme si je suis plus forte en rollers que lui. Meme si moi je ne suis pas tombee le c** par terre apres avoir pique tous les smarties. Ouuuuups... Non, je n'ai rien dit.

Mais bref. Court sejour a Tuebingen, avais-je deja dit, je reste zen, ce n'est qu'un passage, je me soigne, je vais meme chez le docteur, tiens. Ouf, pour une fois que j'ai un alibi pour lui extorquer du spray pour mon asthme. C'est moins bon que la ventoline, mais c'est deja ca. Pff, des antibios. Il va falloir que je me sente coupable quand je boirai de l'alcool, moi maintenant. C'est malin, ca. Heureusement que je suis raisonnable.


23h51-

Y m'eneeeeeeeeerve ! Pauvre utilisation d'arguments debiles pour justifier un retard de plus d'une heure, et je m'en fous, je suis fatiguee, je voulais juste parler, de...
...pas du ski, non. Du retour a Tuebingen (ma vie n'est qu'une succession de retours !) apres mes vacances pascales, entamees en compagnie d'une bande joyeux drilles dans un truc genre refuge non garde, en pleine montagne (montee sac a dos au dos, s'il vous plait), et poursuivie au sein de certains parents a lui, cousine et des p'tits bouts de chou... Rendez-vous compte ! J'ai fait le canard, mange des aiguilles de pin, paye des taxes aux portes, tout ca. J'ai achete des skis, suis tombee en schuss avec la mome entre mes jambes (mais ca l'a fait rire, alors ca va), mange des salades de pissenlit, oseille sauvage et plantain (ca, c'est vrai ; pas comme le coup des aiguilles de pin), meme du gratin aux fleurs de pissenlit, c'etait bon. Et j'ai skie, aussi, dans de la bonne vieille neige de printemps sous un soleil genereux.

Aaaah je m'egare encore. Pas du ski, disais-je. Ni des petits hetres que j'ai arraches a leur terre rocailleuse pour leur faire partager dorenavant mon exil. Je vais essaye de les aimer, malgre la douleur lancinante causee par la perte de mon tres cher hetre pyreneen ; pour une photo et un topo de oh-combien-il-etait-beau, c'est ici, mais mon defunt hetre cheri ser a jamais irremplacable. Meme si je vais aimer son frere au tronc deja tortueux. Frere aine. Ou ce qu'il aurait pu devenir, lui ? Chuuuuuut Loleuh Sylh, reprends-toi, n'y songe plus. Le passe est le passe.
Je tremble pour le futur, qui fera que notre present sera un jour passe. Mon coeur se serre deja a tant d'ineluctabilite.
Mais je voulais parler de l'explosion de vert, en quittant donc les montagnes et revenant dans mes collines. Halluciant. Je crois que ce que j'aime, ce ne sont pas les saisons, mais plutot bien les transitions, comme ici le printemps qui tend sa seve vers l'ete. Le jaune des forsythias, des tulipes, des pissenlits, vacille deja sous l'invasion des fleurs de sureau, de la vague blanche et fragiles des corolles de muguet, des lilas entetants. Autre echelle que la timide percee des crocus et des soldanelles sur les pentes autrichiennes ! Ici, je ne reconnais plus rien, tout est trop immense, trop joyeux, trop exuberant. Le jardin (si l'on exclut les pensees souffrant de secheresse pusiqu'elles ont eu droit a la chaleur mais pas a la pluie, en mon absence) fourmille (de fourmis aussi, d'ailleurs), vibre, ondule, la menthe s'impose, les haies se remplument, ouf nous pourrons alors echapper au regard des voisins, qui ne manqueront pas de nous faire sentir notre incorrection lorsque les pissenlits deviendront les boules blanches comme celles essemees au vent par Madame Larousse.
Oui O tempora o mores, celle du petit Larousse edition 1982, soigneusement subtilise lors de mon depart en Teutonie. O tempora o mores sera le them de la suite du paragraphe. Au sol, une poussiere jaune pale, crayeuse, accumulee par les caprices d'Eole dans quelques recoins, flaques. Engluant les pare-brise. Mon esprit s'envole encore, oh, ce n'est pas tres dur apres le Grand Crohot, immensite turquoise d'un cote, et mer d'un vert sombre de l'autre. Les pins envoient leur pollen a tout va, a tout vent, coup d'essai, coup de maitre puisque je revasse betement a la vue de cette omnipresente pellicule, ah ma jeunesse doree... Vous en souvenez-vous, comperes de debaucheuuuh compagnons d'etudes ? Apres mars et ses ondees, lorsque le ciel se faisait trop bleu, le ciel trop chaud, nous filions, filions, a travers la masse de la foret landaise, les cheveux pollinises, les narines envahies de cette douce odeur pisseuse, miel, seve, resine.

Les parfums se font entetants, ici aussi, maintenant, a l'approche de la nuit. Les fleurs chauffees par le soleil semblent enfin reprendre leur souffle, oser jouer -5 minutes- la vedette. Velo, air frais. Arrivee sur le plateau de Pfrondorf, les fermes, dont leurs inspires proprietaires, n'ecoutant que leur instinct seculaire, ont entrepris d'epandre avec application le fumier sur leurs champs. Je fronce le nez. C'est du rapport de stage, ca. Premiere annee, empestant jour apres jour la brebis (moi qui n'aimais pas l'agneau, quel supplice), m'evadant dans "Dune" en jouant nonchalemment a la bergere assise dans son champ, nourrisant 124 au biberon... Ah le temps de Ledas !
... Elle s'egare, hein :).
Elle en a meme perdu son fil.
Je crois donc que je vais aller me coucher, la. Et que je ne m'etendrai pas sur l'hor-reur de mon WG en rentrant de vacances. Oui je sais, je n'avais qu'a pas partir. Mais quand meme. Benjamin y est un invite, pas un membre, donc, il serait peut-etre bon que je lui inculque un truc : res-pect des affaires d'autrui. Pas laisser s'encrasser ma super theiere. Vider le gelbe Sack (emballages) quand il deborde. Reparer la poubelle quand on la casse. Pas laisser moisir des pates au frigo. Pas voler mon gros bol (meme si mon bol cheri, pressentant l'affaire, je l'avais cache, yark. Avec mon bol de Louisianne). Pas utiliser le telephone sans s'enquerir avant si ca ne nous derange pas. Pas prendre mes tisanes "Saveurs du soir" qu'il faut que j'importe a chaque fois, parce que menthe-reglisse, ouh la y connaissent pas ici. Racheter du café, de l'huile, quand on les finit. Vider les cendriers. Ne pas laisser crever les plantes du salon lorsqu'on a dit que oui, on s'en occuperait. Pauvre hibiscus, tiens. Pas prendre mon velo en douce, genre je ne m'en apercevrai pas.
Suis-je maniaque ? SUIS-JE MANIAQUE ??? Bon, la, c'est a moopsy, llby, colt, Marie, mimi, Tifouille, Bounoume, Nico, de repondre. Z'avez déjà vu ma maison, elle est bien, hein ? Dommage que grumblgrumblgrumbl Benjamin s'y croie tout permis dans mon dos en plus. Ah parce que quand je suis la ca va a peu pres, pas de the stagnant, juste je-te-prends-ta-tisane-sans-te-le-dre-tu-me-vois-pas, juste des bouteilles qui trainent ici et la... Le je-m'en-foutisme prend bien sur toute son ampleur quand monsieur et sa donzelle encore pire a les coudees franches.
Mais chuuuuuuut je suis en train de m'aigrir, la.
C'est ce que j'expliquais a HCl l'autre jour, le coup de la froide aigritude.

Ah oui, et il faut qu'on trouve un nouveau coloc', aussi. On a deja econduit un goujat, diplomatiquement bien sur, d'un commun accord. Enifn bon, c'est sur que s'il rentre a 23h15, pour passer des coups de fil aux candidats potentiels, c'est un peu limite.
D'autant que le telephone ne marche pas. Pas de ma faute, moi, s'ils sont infichus de me prelever 35,14 euros sur mon compte !!! Style on n'aurait pas paye. (Enfin la ca m'arrange bien au fond pour le coup de Benji et sa pouffe) (ouh la vilaine Sylh, modere donc ton langage). Bon allez c'est paye, z'ont pas interet a m'embeter plus longtemps.

Et clin d'oeil a Adln (merci) et llby, je ne sais plus pourquoi, mais elle m'a fait sourire elle aussi, hier, et aujourd'hui, et aussi sourire special a Yannou l'exile kosovar et son concert de poules, et Mag l'afghane et sa verve inimitable, vas-y Mag, laisse pas les mechants commandeurs te regarder de haut !
C'etait la partie dedicace du mail global :), de toutes facons si ca se trouve ils ne la liront pas, de toutes facons booouuuuh personne ne me lit jamais, personne ne m'ecrit dans mon livre d'or, et puis des mails non plus d'ailleurs, je reponds pourtant ; en retard mais je reponds ! Argh j'ai laisse s'etioler trop de contacts, mais j'le f'rai plus, je l'jure ! Mais en attendant : bououououh... /me triste.

 

30 Avril 2003

13h00-

Je n'ai aucune répartie. Enfin si, et cinglante même, mais trop tard. Une table se libère ; il y reste 4 places ; alors moi, pesnant que s'il y a des places, et personne autour, c'est libre, je m'en approche avec ma petite assiette. C'est alors qu'une greluche, assise à l'extrémité de la table, me hèle d'une voix mièvre : "Entschuuuuuldigung !". Je ne peux faire bien évidemment autrement que me retourner, et de l'observer d'un oeil atone. "Es is bezeeeeeeeeeeetz !" avec un grand sourire niais, mmh le beau maquillage, bon appetit les amis. Pour la traduction, ca fait : "C'est occupééééééé !". Ridicule, quoi.
Et dire que j'aurais pu - j'aurais DÛ !- lui répondre qu'elle aille se faire chier, que je m'en fichais complètement la Mensa est surbondée, il faut bien que je m' assoie quelque part ! J'aurais dû dire : "Das ist mir egaaaaaaaaaal" avec le même sourire hypocrite. Ooooh cela m'aurait fait du bien. Puis éclabousser de la sauce de salade sur ses habits. Ou tiens, encore mieux : "Es isch' mir wurscht !", traduction : "Ca m'est saucisse", en schwäbisch. Hihi, tiens.

C'est comme l'autre fois, au ski. Sylh la surfeuse, à l'arrivée du télésiège. Je me mets laborieusement debout, commence à glisser en pente douce. C'est alors que deux dondons, en skis, viennent s'arrêter juste devant moi (dèjà lancée, je le rappelle), histoire de papoter et de se préparer psychologiquement à affronter la piste bleue naissant sous leurs skis, bleue certes, mais débutant par un goulet étroit.
Evidemment... Je vais être gentille, encore une fois. J'essaye d'éviter les skis tant bien que mal, mais que diable, elles font vraiment barrage, les mémères. Oh ben dommage alors. "Vous pourriez faire attention !" rétorque l'une d'elle à mon "excusez-moi" tout humble ; ce à quoi je proteste, fallait pas s'arrêter juste devant moi ! Et là... C'est là que j'ai manqué de répartie. Elle me dit que ca fait deja longtemps qu'elle est là, c'est à dire, debout -après avoir été assise sur le télésiège-. Sauf que ca veut dire aussi "ca fait deja longtemps que je suis levee", le matin, saut du lit, tout ca. Grumbl !!! J'aurais dû répondre que moi aussi, depuis 8h.
Bref. Mais j'ai dit "Ja, ja..." et Il m'a déjà dit que ca sonnait super malpoli et que ca voulait dire [trad]"lèche-mon cul" (ce qu'ils sont vulgaires, ces allemands !), alors ca va.

Et puis, les allemands à l'étranger. Thème éternel... Sur le parking de Sonnenkopf (Autriche), ces djeunz là on finit leur journée, donc ils enlèvent les boots de snow, sortent les bières, et musique hurlante à donf'. Ty-pique.

...Ceci étant dit, je ne sais pas pourquoi je suis négative, alors que je vais enfin pouvoir respirer avec délices la lourde odeur de la pluie sur le bitume luisant.

 

02 Mai 2003

16h16 --

celtique

Etonnant comme les fetes peuvent etre recuperees. Fête paienne de Beltane, hier au soir. Il devrait y avoir de grands feux ; un roi drogue avec un masque de cerf, une jeune vierge effarouchee. Les chants incantatoires montant dans la nuit constellee d'etoiles, du milieu des cercles de pierres erigees, et partout, la liesse oublieuse de l'oppression quotidienne.

Rien de tout cela, mais, etrangement, ils marquent le coup, en Allemagne. Sauf que... Ici, des bandes de pre-ados parcourent les rues, en une parodie empruntant joyeusement a Halloween et au bizuthage, enrubannant les arbres de papier toilette -recyclable, svp- et emplissant les cabines telephoniques de mousse a raser. Soit.

[Allez j'arrête de dire des bêtises ; allez voir plutôt chez Jehane]

J'abuse... Comme a mon habitude, je souligne les incongruites sans retracer vraiment les faits culturels se trouvant au-dela. Tuebingen est une ville universitaire, depuis tres longtemps, et, meme si inconnue chez nous, tres renommee en Teutonie. Y foisonnent les Verbindungen, confreries d'etudiants vivant dans un luxe de debauche, parraines genereusement par des Anciens ayant reussi, ou par leur tres prisees cocktail-party. Milieu tres ferme, qui s'entrouvre parfois, rituels eprouvants d'admission et toute une panoplie de regles et de traditions. Ces etudiants habitent dans d'enormes maisons, parcourues d'immenses escaliers et au charme architectural ancien, devoilant des salles aux plafonds tres eleves. Bien sur, sur le terrain qui va avec.
Or le 30 avril au soir, on fete l'arrivee du printemps, qui s'impose, et de l'ete, qui pointe le bout de son nez ; surtout cette derniere semaine avec nos 25 degres a l'ombre ! Les membres (uniquement masculins, j'avais oublie de le signaler) des differentes confreries descendent donc, en procession, vetus de longues toges, de la colline sur laquelle sont situees les differentes maisons (Normannia, Germania...), et penetrent dans le centre-ville. La, sur les marches de l'eglise evangelique, fleuron de Tuebingen au clocher eleve et aux motifs parfois celtiques (triskels par exemple), ils se regroupent afin de chanter. C'est tout un ceremonial, que, en protestation a tant de coutumes et de conservatisme, de joyeux drilles un peu anar, un peu coco, tres agites, s'efforcent de perturber. La police est toujours au rendez-vous, essuyant, en un cordon sanitaire autour des obstines chanteurs, toutes sortes de projectiles. Sur les fenetres des WG de la vieille ville, on a sorti les hauts-parleurs, pour faire concurrence au formalisme des traditions, et on diffuse tout et n'importe quoi, on crie, on fait du bruit.
Pittoresque, et tres folklo. Surtout quand il pleut...

 

05 Mai 2003

18h28 --

Aaargh il va pleuvoir ; il faut que je rentre dare-dare rentrer mon linge !!!

 

06 Mai 2003

12h14 --

Signez mon Livre d'Or !!!

Ben si, je le lis !!!

Sinon : ce soir, je suis invitée chez un collègue. Sujet de l'email d'invitation : "Let us get drunk"smiley drunk. Puis : "i will not say no if you bring alcohol". Observons tristement les conséquences d'une société occidentale dépravée sur un innocent arrivé en ces terres de perdition il y a 2 ans 1/2, pur comme un agnelet. Désormais, il affirme que "Gin is a lady's drink" et s'autorise donc à en boire (à défaut d'autres alcools forts), ainsi que mes cocktails, dont il ne se méfie pas ; puis il danse avec les piliers de soutainement du salon. La soirée promet.....

 

21 Mai 2003

18h41 --

Je ne savais pas que vous veniez aussi traîner vos savates virtuelles par ici... Alors à la question insistante de Nani "Méééééeuh, répoooonds, pourquoi t'as mis ton site en noir ?", je réponds aujourd'hui : je pense très fort à lui, à toi que j'ai eu hier, à vous.

 

22 Mai 2003

21h07 --

Meow!

Cette façon qu'ils ont de s'obstiner sur chaque infime copeau de l'argent qu'ils peuvent nous soutirer...
Déjà, ma proprio qui se pointe, deux ans après la bataille, avec une note faramineuse de coûts additionnels (eau, chauffage, poubelles...) alors que je lou "WM", "Warm Miete", c'Est à dire toutes dépenses incluses. Charges, Ah oui, on appelle ça comme ça, "charges". Calculs (savants) on ne peut plus injustes, vu que c'est moi qui ai la plus grande chambre. Seulement, ce n'est pas moi qui laisse systématiquement les lumières du haut allumées lorsque je suis dans le salon. Ce n'Est pas moi qui oublie d'éteindre en partant le matin (ça, c'est Benjamin). Ce n'est pas moi qui allume le chauffage, puis ouvre la fenêtre. J'enrage.

M'en fous... Je vais en retrancher les coûts d'entretien du jardin, tiens. Je me tâte même pour y compter mes heures de travail (bien vaines, semble-t-il, au vu de la jungle qui y règne... mais au moins la jungle n'en est-elle qu'à ses prémices !). Oeil pour oeil...

 

23 mai 2003

14h33 --

Aparté : saviez-vous qu'une des insultes favorites, ici, est "trou du cul" ? Arschloch, asshole, ça dépend du contexte...

 

16h38 --

Walking dino

C'est comme le gros. Il râle sur la façon dont j'estime mes coûts !

"On privilégie quand même la façon de voyager la moins chère, alors, un aller-retour en voiture á Stuttgart... Et pis c'est pas à 40 km, c'est à 30 km !" Hé, Duc*n, j'invente pas, hein ; ou c'est le compteur de la Polo qui s'emballe. Sur chaque cent, il objecte. Quand je pense qu'il va à Cracovie la semaine prochaine ! Quand je pense qu'à Nice, mon bien-aimé directeur de thèse (...au sens administratif, pas spirituel... D'ailleurs, il est aux abonnés absents depuis le 2 avril) a choisi l'avion le plus cher et l'hôtel le plus luxueux ! ...Mais pour Sylh... chaque euro ; chaque cent.

Deutsche TeleCONS

Et puis Deutsche Telekom. Parce que, bien sûr, le coloc' du haut parti, il n'allait pas passer toute sa vie à recevoir les factures. Donc, il a transformé son abonnement à son nom PLUS le mien... avec involontairement une faute d'orthographe.

CE qui fait que, quand je me suis pointée la bouche en coeur, en voulant récupérer l'abonnement pour moi toute seule... Ben "Ah non, vous n'apparaissez pas", pour un petit "e" de rien du tout ! Et il a fallu payer l'installation d'une nouvelle ligne !!! Ah, mais dès qu'Il aura un peu de temps, je prends rendez-vous, et je vais aller râler pour qu'ils me remboursent l'ouverture de la ligne. Je-ne-partirai-pas, ils pourront raconter ce qu'ils voudront.

C'est comme... Ce PV, après avoir roulé à 33 km/h en ville (ON NE RIGOLE PAS).

C'est comme... Non, ce n'est pas comme, mais même ; les chauffards de bus locaux. J'explique. De deux voies, l'une va tout droit et l'autre part à droite ; sauf que dans le prolongement de cette voie de droite, à côté (à droite, donc) de la premiére voie qui va tout droit, s'ouvre une seconde voie (qui va aussi tout droit) pour les bus. Donc de la droite-droite de la chaussée, je regarde pour traverser cette voie (qui part à droite) et me mettre à droite de la voie de bus. Ah oui, je suis en vélo. Donc, hop, tranquille, je suis sur la ligne centrale, je vais bientôt suivre cette ligne qui s'incurve vers la droite pour former la limite droite de cette nouvelle voie de bus... Quand cet abruti de bus me double à toute berzingue par la droite, manquant de m'accrocher au passage !
Bon, hum, vous avez tout suivi ?

yûrk

De toutes façons, j'ai toujours mal au coeur, dans les bus. La route tortuesue qui mène à Pfrondorf (pas la route directe, non ; le loooooong bus n°1 qui met trois plombes et que je prends la nuit... quand je rentre du terrain - ben oui, 20h à Munich pour mon charmant collègue, ça commence à faire tard lorsque, aprÈs 3h30 - 4h de train, je regagne mes pénates -), ces virages abordés à coup d'accélérations brusques et de freinages intempestifs, sont une épreuve.

Parfois, je descends même avant mon arrêt, et finis à pieds, mon pauvre petit corps pantelant se rebuffant d'être ainsi malmené.

 

1er Juin 2002

15h49 --

Une belle journée d'été... Le rêve. Se prélasser à l'ombre des feuillages, dans le jardin ; siroter un ti-punch, jouer à la belote... Et quand il fait vraiment trop chaud, piquer une tête dans la piscine et se sécher au soleil...
Mmh. Rien de tout ça. C'est plutôt que, dès que je m'allonge sur la chaise-longue, je me choppe une tique ! Une toute petite bébé tique, qui rampe déjà sur mon bidon doré, alors repli à l'intérieur.

Et je vais me contenter du plaisir de descendre en ville à vélo uniquement vêtue d'un cycliste et d'un débardeur.

 

16h41 --

[suite du 23/05]

bus volé à Mel

...Ça me rappelle, l'été 2000, ah, mon insouciante jeunesse ! En vélo, explorant, le coeur gai, chez moi là-haut, voilà-t-y pas que je suis serrée par un de ces bus à deux tronçons, qui n'esn finit pas ; le trottoir, une pomme entre nous...

Et c'est comme le coup du chien ; sauf qu'ici, c'est : et paf! la Sylh ! Genoux en sang, bon, même pas mal, et puis des gens gentils qui viennent me demander si ça va ; et moi, dans ma non-maîtrise du schwäbish (le dialecte local, pour ceux qui auraient loupé un épisode), je ne peux que répéter "gut, gut" et faire la fière, "même pas mal" écrivais-je ci-avant.

Hey, mais j'y pense ! A l'heure où j'écris ces lignes (parce que ne vous y trompez pas ; si j'ai autant d'inspiration, c'est que ce texte a d'abord été écrit en vrai avant d'être tretravaillé au clavier), je suis en FRANCE !
Enfin... Au Consulat à Stuttgart ; donc c'est un espace français, yippee.

[apparté en temps réel : oui mais ce week-end la France est vraiment venue à moi ! Mes visiteurs étaient logés dans la chambre du haut, encore vide de colocataires, comme à l'hôtel... Juste une p'tite installation d'ordi et un peu de couture pour deux jours de rêve sous le beau temps allemand, avec un peu de sport, du barbecue, tout ça... C'était chouette non ?
Euh... Comment donc, c'est cher payé... Sniff :'( oui enfin en tous cas maintenant je suis re-toute seule en pays hostile.]

[Aaaah oui mais ce matin j'ai eu droit à un pt'tit dej' à l'américaine ! Sympa, notre nouveau squatteur. Comme diraient Mr B. & Mme N., trrrrès prolixe, mais sympa. D'ailleurs il était tout déçu que vous soyiez déjà partis.]

[Bref, je reprends la trame de cette narration en décalé.]
Pour ce que ça me fait une belle jambe [NDLR: le Consulat]. J'y suis arrivée à 10h, pour y faire faire un passeport.
Eeeh oui, si je veux aller à Zagreb ("C'est oùùùù Zagreb ?" - llby) fin juin, pour un mariage, il me faut bien un passeport. Et donc : je poireaute.
Je n'ai que ça à faire, perdre mon temps : ce n'Est pas comme si j'avais un article à écrire pour mi-juin ! [NDLR: oups c'est dans 2 semaines maintenant...]

Ça me rappelle la CAF du campus de Gradignan, tiens.

Et puis, penser que tous ces gens sont des français ; un petit vieux qui vient faire le renouvellement de sa carte d'identité. Expat' à perpet'. Probablement exquisement bilingue. De tout. [NDLR: ???] Et ces conversations presque chuchotées, d'un ton formel d'administration... Marrant.
N'empêche que j'attends. Relou. Pourquoi tout le monde avait-il besoin de venir aujourd'hui ? A part juste pour m'embêter, bien sûr. [NDLR: c'était le 22 mai] Et pourquoi ces formalités sont-elles si lentes ?Je suis sûre que je vais passer en 5 minutes. Comme aux guichets SNCF. Faire la queue, trépigner, zyeuter sur la pendule et le train désiré qui part moins de 10 minutes plus tard, s'arracher mentalement les cheveux à voir comment les gens s'inventent des problèmes, et moi je passe, "je veux ce train-là tel tarif", et tout roule.

 

--- 5 à 10 minutes plus tard -- [toujours dans cette narration passée]

"Vous êtes immatriculée chez nous ?`" "Oui." "Alors, ça va aller très très vite." Oui, sauf que... Les lois ont changé, apprends-je (depuis 1998), et il faut qu'ils fassent une demande à la Préfecture de la Gironde (Gradignan, quoi), où a été établi mon précédent passeport, avant d'avoir l'autorisation d'en faire un nouveau !
Gé-nial.
Je n'ai pas perdu ma matinée.
Et c'est comme le coup du visa russe : je ne vais pas stresser jusqu'à la dernière minute pour des questions de délai.

 

6 juin 2003

16h59 --

Âne ma soeur âne (rhooo!)

Les allemands sont vraiment des ânes au volant. Ils n'ont pas compris que la route était un espace de partage, et ainsi, que quand une voiture arrivait en face, il fallait se ranger un peu et ne pas rester en plein milieu.

Déja, ce matin, en rentrant du supermarché, un gros andouille s'est crû roi de la chaussée.
Pis après, j'étais en vélo, sens interdit mais " O*O Frei " [NB: c'est un vélo] donc, confiante, je m'engage. Quand j'ai passé mon permis, en France, on m'a dit qu'il fallait dépasser les vélos en étant au moins à 1 mètre d'eux. Pas 10m : 1m. Bon, allez, on peut dire 2m, pour plus de sécurité. Une voiture arrive donc en face, très bien, je serre un peu de mon côté, vers les voitures garées (voitures garées des deux côtés), et continue ma route nonchalemment. La voiture en vis-à-vis freine frusquement, créant dans ma p'tite tête insouciante un moment de flottement, mais bon, je passe, de toutes façons j'ai largement la place.
"Was soll DAS sein ?" m'apostrophe alors la conductrice outrée - pas bien regardé, mais je suis sûre que c'était une grosse ménagère blonde toute bouffie vêtue d'un sac à patates. Je dis ça d'après mon étude instantanée (et inconsciente) de sa voix, bien sûr ; pas par a priori. Non non. Littéralement : "qu'est que ÇA devrait être ?" --> qu'est que ça signifie ? (là, mon bilingualisme vous épate, avouez).
Euh... De quoi ? J'aurais bien répondu "cela signifie que pour conduire une voiture il faut avoir un permis", mais, évidemment, le temps que je formule ma phrase grammaticalement bien, et tout, j'étais déjà arrivée au labo. Comme d'hab. (là, je ne vous épate plus du tout :-().

Remarquez, ce n'est pas de sa faute. Son mari a dû lui dire tant de fois : "20 cm, c'est çaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa " (là, on écarte les bras d'un mètre) qu'elle a dû avoir constamment des problèmes pour se garer (hop je touche devant, hop je touche derrière, ouf je suis calée - la méthode française, me dit-on ici ; la méthode parisienne, me dit-on en France). Du coup, elle n'estime plus très bien les distances, la pauvre.
C'est encore de la faute des mecs, tout ça.
Bon, certes, cette blague passe mieux de vive voix. Mais vous la connaissez tous, alors vous souriez quand même. Je vous vois !


...C'est certes moins palpitant que les aventures de moopsy *w* dans les bouchons qui se fait (encore !) accrocher et que le mec lui dit "euh on va pas faire de constat pour si peu, je vous fait un chèque, hein ?" ; mais moopsy c'est un vrai requin et elle ne s'est pas laissé faire.
Bien ouèj, moopsy !

moopsy ze skwal 

Image volée sur L'intern@ute

17h53 --

Mmh. Il semblerait que je me sois un peu emmêlée (emêlée, emmelé,... au choix) les pinceaux sur le coup des 20 cm. Pas de ricanements sournois, SVP.

 

17h59 --

Ah oui ; et puis j'aime biiiiiiien avoir de nouveaux messages sur mon livre d'or, z'avez vu z'avez vu, y a même des gens inconnus qui me lisent !
Merci les gens inconnus ! (et les gens connus aussi bien sûr ; je vous fait plein de bisous en plus *smouch smouch*)

 

18h03 --

Et voilà. Je me suis encore laissée emporter par mon élan lyrique. Par cette chaleur... Deux alternatives s'offrent encore à moi, en cette heure avancée pour un vendredi, probablement de RTT pour vous amis français (là vous voyez comme Sylh se tient au courant de l'actualité), en tous cas de désert à l'Université - les gens zappent toujours le vendredi après-midi, mais cette fois-ci pour cause de Pentecôte c'est encore pire. J'espère qu'ils sont tous dans les embouteillages, tiens.
Parce que les schpounz (©C.C. le savoyard) sont encore pire que les espagnols sur les chantiers estivaux des Pyrénées : quand ils ont commencé des travaux, ça dure pendant DES MOIS, et de toutes façons, lorsqu'ils ont fini -du moins un peu avancé la chose - hop! rebelote 1 km plus loin. Un peu genre... La rocade bordelaise, quoi. Alors la B27 au niveau de l'échangeur avec l'A8 (Karlsruhe - Munich), pis yârk yârk entre Stuttgart et Karlsruhe sur cette même autoroute...

Tenez, en passant un petit lien : les inventions diverses de l'homme de Cro-Magnon, que je viens juste de découvrir en cherchant une image approcpriée illustrant mon dilème... dilemme... ZUT! je deviens vraiment nulle en orthographe.

Donc, disais-je, deux alternatives s'offrent à moi. Soit je vais au Müller du coin (super magasin avec tous les produits d'entretiens et puis des cosmétiques et des CDs vierges pas chers et plein de gadgets inutiles) pour acheter du PQ en promo, soit je vais à la Freibad (la piscine découverte) (d'ailleurs, c'est un mot neutre et pas féminin --> DAS Freibad. Ah ah vous en apprenez malgré vous !) nager mes mille mètres quotidiens.

Oui mais... Alternative 1 : si je ne nage pas mes 1000 m aujourd'hui, alors ils ne seront plus quotidiens ! Cela fait quand même deux jours que je me dis : "Loleuuuh Sylh, il faut que tu ailles nager au saut du lit, sinon, soit il y a trop de monde (argh grouillement grouillement), soit tu es pressée par le temps, soit te trouves toujours une bonn excuse !" Comme hier par exemple, lorsque j'ai été forcée d'aller boire une bière au Neckarmüller, le Biergarten (= jardin de bière) au bord de la rivière, par le directeur du labo. Je n'allais pas dire non, hein. Pour une fois que je suis incluse dans leurs activités sociales...
D'ailleurs... hihi, tous ces teutons avec leur Hefe Weizen (Weißen ?) et leur Bretzel géant !
Donc, esquiver la piscine... Oui mais... Alternative 2 : je nagerais certes, mais pas de PQ, et le (long) week-end vient, et j'aurais la flemme de descendre en ville exprès, et comme mes coloc' sont des chieurs on ne va pas être dans la merde. Remarque, je pourrais piquer du PQ de secours au labo. Oui mais : il est tout rugueux ; et puis après quand je voudrai en acheter, il ne sera plus en promo. Pff.

...De toutes façons il est déjà 18h28 (je m'égare je m'égare !) et c'est grillé pour la piscine, et si je ne pars pas de suite faire mes emplettes, je vais me faire éjecter du terrain de volley ! Grumbl.

 

18h57 --

- " Ça m'éneeeeeerve !
- Quoi, encooore ??!
- J'ai stressé comme une folle et chuis même pas à la bourre.
- Ben c'est bien...
- Oui mais ça m'énerve ; maintenant je suis toute en sueur.
- Tu t'en fous, tu vas jouer au volley, de toutes façons.
- Pff, heureusement que l'horloge de l'ordi est en avance...
- Oui enfin bon, il est quand même 18h57...
- QUOI ????!!! "

Et voilà. Au fond je suis quand même à la bourre. Ils sont tous contre moi.

 

7 juin 2003

19h31 --

Dé-pri-mant. Il fait sombre ! Et l'orage gronde, de temps en temps. Je suis sûre qu'ils ont fermé la Freibad. Il serait pourtant temps d'y aller... Je me l'étais pourtant promis, après le boulot...

Mais non. Aujourd'hui je me suis contentée de me battre avec la facture détaillée (parce que, évidemment, tout marchait comme sur des roulettes avant, mais maintenant TOUS les appels semblent avoir été passés du même numéro... NON je ne perds pas de temps...). Puis, d'enfourcher mon fidèle destrier pile au moment où il s'est mis à pleuvoir. Et les parfums de s'exhaler : les haies de troënes en fleur, la route mouillée, les champs...
Etrange, d'ailleurs, ces grosses gouttes de pluie et le soleil, pourtant. L'orage était de l'autre côté de la vallée. Mine de rien, 5 km, ça trempe ! Arrivée en bas de la colline, la Wilhemstrasse, coupure presque droite qui amène au centre-ville ; y alternent bouffées de chaleur montant de l'asphalte fumant, comme de grandes claques données du plat de la main, et caresses souriantes de la brise qui fraîchit dans le jour déclinant. Evidemment, la pluie s'est arrêtée.

Mais depuis elle a repris, obstinée ; et cela tonne toujours, au loin...

 

20h57 --

...C'est alors que petite Sylh s'est dit : bon sang, mais j'ai Internet ! En experte, ses doigts alertent pianotèrent sur le clavier à la recherche du site des piscines de Tübingen. (Dis Bounoume dis Bounoume dis Bounoume, tu l'as vu dis ma figure de style ?) P'tit coup de téléphone...
Et non, elle n'était pas fermée. Flemme, puis OH EH, bouge tes grasses fesses ma vieille !!! Quel bonheur, quel plaisir, quelle relaxation de nager.

Et les tilleuls sont en fleur. LES TILLEULS SONT EN FLEUR ! LIPIEC, LIPIEC !
En polonais, "lipiec" veut dire juillet et "lipa" veut dire tilleul. Je suis certaine que les deux sont liés. C'est comme novembre : "listopad". Cela sonne très chute des feuilles...

 

12 Juin 2003

18h22 --

Dans moins de 10 minutes, il pleut. Il va nous tomber dessus un orage de cette ampleur ! Le climat continental de Tübingen a amené un degré d'étouffitude et d'oppression caniculaire époustouflant.

J-1.
Ou J+3.
Cela dépend si l'on se place du point de mon statut de bénéficiaire de l'Arbeitslosgeld ou de mon statut de non fumeuse.

 

18h26 --

Ça tonne... Qu'est-ce que je disais ??! (grumbl et ma Freibad...)
La libraire s'empresse de ranger ses bouquins à l'abri. Pourtant il ne pleut pas ; pas une goutte. Juste le ciel qui noirci ; la chaleur moite, chappe inéluctable, pèse de plus en plus sur le paysage immobile devenu silencieux.

10 minutes, peut-être...

 

18h30 --

Les gens courent, enfourchent leurs vélos. Les oiseaux se sont remis à chanter.
Les couleurs deviennent électriques, surnaturelles.

 

18h35 --

Ma coprésidente m'appelle (pour la Freibad). Paraît-il que, de là-haut, de Morgenstelle, avec les fenêtres donnant sur l'est, toute cette tension n'est pas palpable.
Et ici, cela s'assombrit encore...

 

18h40 --

Je suis sortie, histoire de voir. Les premières gouttes, indolentes. Je les entends plus que je ne les ressens. A l'extérieur, la chappe de chaleur n'est pas aussi lourde qu'il y paraît. L'obscurcissement des cieux est plus impressionnant vu de dedans.
Le tonnerre retentit un peu plus sérieusement.

 

18h42 --

Premiers souffles d'air à travers la fenêtre inclinée ! Les gouttes se font lourdes...

 

18h46 --

OUF! c'en est fini. Je veux dire : de l'attente. La pluie s'est -un peu- prise au sérieux, les roulements du tonnerre s'intensifient, durent ; vont-ils bientôt flirter avec les éclairs ?
L'intensité vient peu à peu ; mais les nuages semblent, ainsi que nous, eux aussi vidés de toute énergie...
Bilan : pile 20 minutes... Mais cela a semblé bien plus court.

 

18h50 --

Là je commence à avoir peur. Que j'aimerais être sur mon plateau de Pfrondorf ! Les branches ploient ; le ciel au dessus du bâtiment de Géographie est d'une opacité grise. Même cette eau, qui tombe à flot sous le vent en rafales, me fait frémir.
...Je pense aux fenêtres, à la maison... Au charbon de bois, dehors...

 

18h53 --

Je plaisantais. Je n'ai pas peur de l'orage. Enfin pas ici.
Moins d'une seconde, pas mal. Forcément, s'il est ici, il épargne Zakeuuuuh ma co-présidente. Tiens, de la grêle.
...Serait-il plus prudent d'éteindre l'ordi ? Au cas où...

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